Édition du mercredi 27 mars 2002
Carnage au conseil municipal de Nanterre : « Rien n'est prévisible au point de prévoir qu'un homme va se mettre à tuer délibérément d'autres femmes et hommes », estime Daniel Vaillant
Un homme a ouvert le feu dans la nuit de mardi à mercredi, en pleine séance du conseil municipal de Nanterre (Hauts-de-Seine), tuant huit personnes et en blessant une vingtaine d'autres. Richard Durne, 33 ans, s'est rendu à la mairie de Nanterre avec deux pistolets automatiques 9 mm et un Smith et Wesson de calibre 357 magnum.
Une perquisition a eu lieu mercredi matin à son domicile de Nanterre où Richard Durne, inconnu jusqu'alors des services de police, vit avec sa mère, a-t-on précisé de même source. Son audition a débuté dans les locaux de la brigade criminelle peu après 9h00 sous le régime de la garde à vue. Jusqu'à présent, devant les policiers, il n'a tenu que des propos incohérents. Selon les tout premiers éléments de l'enquête, il aurait quelques antécédents psychiatriques qui doivent être vérifiés par les enquêteurs. Ceux-ci penchent pour "un acte de démence."
Le tireur, qui se trouvait dans les rangs du public, a fait feu méthodiquement à l'aide d'au moins deux armes sur les édiles qui achevaient une séance consacrée au budget.
"Le bilan est de huit morts, quatorze blessés graves et cinq blessés légèrement atteints", a indiqué un porte-parole des pompiers, le capitaine Laurent Vibert.
Une dizaine d'autres personnes ont été choquées ou légèrement blessées par bousculade, compte tenu de l'affolement qui régnait parmi les élus.
La plupart des victimes sont des membres du conseil municipal.
Alors que l'on ne disposait pas encore de l'identité des victimes, un conseiller municipal RPR de Nanterre a déclaré, mercredi matin, que sur les huit morts cinq élus municipaux étaient communistes et trois étaient élus de l'opposition.
Le président Jacques Chirac, qui s'est rendu sur les lieux en début de matinée, a fait part de sa "très vive émotion" après le décès "dans des circonstances dramatiques de plusieurs membres du conseil municipal de Nanterre qui étaient réunis à la mairie".
Auparavant, le Premier ministre Lionel Jospin avait évoqué lors d'un point de presse un cas de "démence furieuse", "un homme qui a tiré alors que personne ne pouvait s'y attendre".
"Plusieurs élus ont réagi avec un très grand courage pour le ceinturer et faire qu'il ne puisse pas tirer encore, et c'est donc une effroyable tragédie", a-t-il dit.
Le ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant a exprimé, pour sa part, son sentiment de ''tristesse'' et d'''émotion'' face à ce carnage. Il a salué ''la maîtrise et le sang-froid des élus municipaux'' et rendu hommage aux services de secours ''qui ont fait preuve d'une mobilisation exemplaire''.
Interrogé sur l'éventuel renforcement de la sécurité dans les conseils municipaux, le ministre socialiste a estimé qu'''on est loin là des questions liées au débat sur l'insécurité''. ''Que voulez-vous : il y a 36 000 communes en France ; il y a des assemblées partout'', a-t-il souligné avant de conclure : ''Rien n'est prévisible au point de prévoir qu'un homme va se mettre à tuer délibérément d'autres femmes et hommes.''
L'homme a été maîtrisé par plusieurs personnes qui assistaient à la réunion, alors qu'il rechargeait l'une de ses armes. Il a été remis à la police et placé en garde à vue.
"Ce sont les élus qui étaient visés car toutes les victimes sont des membres du conseil municipal", a dit un porte-parole de la police.
Le maire communiste de Nanterre, Jacqueline Fraysse, qui est indemne, a dit n'avoir aucune idée des mobiles du tireur. "Je ne vois pas d'explication, du tout. Il n'a rien dit. Je crois que tout le monde était visé, le premier geste, c'était droit devant lui", a-t-elle dit aux journalistes en écartant un mobile politique.
c=h
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